La présidente de la Société protectrice des animaux (SPA) de Haguenau et environs, Sabine Fghoul, alerte quant aux difficultés financières du refuge, affirmant n’avoir jamais connu telle situation. Augmentation générale des coûts de la vie ou arrivées de chiens avec diverses problématiques entrent en compte. Le refuge essaie de limiter ses dépenses et appelle aux dons.
Voilà depuis 1982 qu’elle côtoie le refuge et « ça n’a jamais été aussi grave », affirme Sabine Fghoul, présidente de la Société protectrice des animaux (SPA) de Haguenau et environs depuis 30 ans. Le 24 octobre sur Facebook, une publication alertait : « L’association est en danger : chaque euro compte », invitant les internautes à faire un « micro-don » d’un euro par mois sur la plateforme Teaming.
En 2024 déjà, la SPA de Haguenau se trouvait en déficit de 63 000 euros. « Je n’en ai pas dormi, ça me rend malade », explique-t-elle. Cette année, à la suite d’un bilan intermédiaire, l’association serait à 60 000 euros de déficit. « On a encore un peu de réserves, mais si j’attends la dernière minute, ce sera trop tard », assure la présidente.
Des difficultés liées à « la conjoncture ». « J’ai dû réduire le personnel. On est passés d’une dizaine de salariés à six agents animaliers et une secrétaire depuis le début de l’année », confie Sabine Fghoul. Les salaires s’élèvent à 13 500 euros mensuels pour l’association de protection animale. Quant aux frais vétérinaires et pharmaceutiques, dont les prix ont également évolué, ils représentent un montant de 16 000 euros par mois. Des dépenses auxquelles s’ajoutent l’électricité ou encore l’eau.
14 000 euros pour le comportementalisme
Des travaux de chauffage ont été effectués pour un montant de 30 000 euros, les chiens ne bénéficiant auparavant que de dalles chauffées au sol. Une nouvelle installation synonyme de charges plus importantes à venir. « On a évalué que sur la période d’octobre à mars on serait à 16 000 euros. Avant, c’était 2 400 euros », affirme encore la présidente.
Du côté de l’alimentation, la SPA de Haguenau accepte tous les dons, « mais on ne peut pas nourrir un chien avec une marque de croquettes un jour et une autre le lendemain », précise Sabine Fghoul. De nombreux chiens nécessitent d’ailleurs une nourriture spécifique qui a coûté 30 000 euros à la SPA depuis le début 2025.
Des dépenses un peu moins attendues se sont ajoutées : le recours à des comportementalistes canins. Cette année, ces frais sont équivalents à 14 000 euros. « Avant, c’était minime : de l’ordre des 1 000 euros. On se retrouve de plus en plus avec des chiens au comportement compliqué et il faut faire quelque chose », affirme Sabine Fghoul. Elle évoque des « phénomènes de mode » avec l’adoption de chiens de type bergers australiens, malinois, american staffordshire terrier… « Des chiens de travail qui ont été magnifiés sur les réseaux sociaux. Les gens se disent qu’ils sont capables… » affirme-t-elle.
Une SPA indépendante
Indépendante, la SPA de Haguenau compte aussi sur les legs, elle en a d’ailleurs reçu un de 50 000 euros l’an passé, ce qui n’a pas empêché le déficit. « Des milliers d’animaux ont été sauvés. Si on veut continuer, il faut une rentrée d’argent », avance-t-elle. Face aux difficultés et aux nombreuses arrivées d’animaux, la SPA doit parfois réguler les entrées. Le 29 octobre, le refuge comptait 54 chiens, 81 chats et 49 chats en famille d’accueil. L’an passé, la SPA a pris en charge 1 230 chats, 420 chiens et 93 nouveaux animaux de compagnie.
« Il faut rappeler qu’il faut donner en Alsace spécifiquement », précise Sabine Fghoul, également présidente de la Confédération de défense de l’animal regroupant 270 refuges indépendants. La SPA haguenovienne n’est en effet pas rattachée à l’association parisienne éponyme et ne reçoit pas de financements de sa part, ni d’autres fondations.
J’ai dû réduire le personnel. On est passés d’une dizaine de salariés à six agents animaliers et une secrétaire depuis le début de l’année. – Sabine Fghoul, présidente de la SPA de Haguenau.
Article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, le 8 novembre 2025
